Des artilleurs canadiens pendant la bataille de Vimy
OTTAWA
(AP) - Par un lundi de Pâques venteux, des milliers de jeunes Canadiens
jaillirent de tranchées, de bunkers souterrains et de tunnels pour
monter victorieusement à l’assaut d’une colline en pente douce du nord
de la France, la crête de Vimy (Pas-de-Calais). Pour beaucoup, cette
bataille marquera la naissance de la nation canadienne.
Localisation de la bataille de Vimy
Dominant la plaine de
Douai, cette crête, véritable forteresse allemande, était parsemée de
nids de mitrailleuses en béton, piquée de kilomètres de fils barbelés
et en plein dans le viseur de plusieurs artilleurs allemands. Mais une
fois la nuit tombée, presque toute cette place forte passera aux mains
des Canadiens. Le reste tombera les jours suivants. Les précédentes
attaques franco-britanniques avaient coûté près de 190000 hommes, sans
faire bouger d’un iota les Allemandes de positions qu’ils occupaient
depuis l’automne 1914.
Des artilleurs canadiens pendant la bataille de Vimy
Le
maréchal Douglas Haig, commandant en chef des troupes britanniques, a
alors décidé qu’il ne pouvait laisser cette épine dans le pied déranger
ses plans d’offensives printanières et a demandé aux quatre divisions
du Corps canadien de s’en charger. Ce Corps était sous les ordres du
général britannique Julian Byng, notamment secondé par le général
canadien Arthur Currie, deux officiers qui ne voulaient pas envoyer
leurs hommes à l’aveuglette comme lors de la bataille de la Somme. A
Vimy, chaque soldat savait où il devait se diriger et ce qu’il y
trouverait. De petits pelotons équipés de mitraillettes et de beaucoup
de grenades devaient se déplacer derrière les fortifications avant de
les attaquer. Julian Byng, grand amateur d’artillerie, a aussi utilisé
les services d’un expert, le lieutenant-colonel Andy McNaughton. Cet
ingénieur de formation a utilisé toute la technologie à sa disposition
pour localiser et neutraliser l’artillerie allemande : repérage par
éclats, oscilloscopes et micros pour détecter les sons des tirs ennemis
et identifier leurs points d’origine.
Des soldats canadiens quittent leur tranchée pour attaquer les positions allemandes, pendant la bataille de Vimy
Quand
tout fut prêt, le 2 avril 1917, l’artillerie entama un bombardement
décrit par un soldat comme semblable à de l’eau sortant d’un robinet,
envoyant des milliers d’obus par jour. Des Allemands qui y ont survécu
en ont parlé comme étant la "semaine de toutes les souffrances". Leurs
tranchées s’effondrèrent alors que toute la crête tremblait sous les
feux nourris. Pas moins de 80 % des pièces d’artillerie allemandes
furent neutralisées. Un bombardement incessant qui durera sept jours.
Des soldats canadiens pendant la bataille de Vimy
A
04h00, le lundi de Pâques 9 avril 1917, les Canadiens, après un repas
chaud et une rasade de rhum, prirent position. A 05h30, 983 fusils et
150 mitrailleuses ouvraient de nouveau le feu sur les positions
allemandes. Accompagnée d’un vent froid qui bombardait aussi les
Allemands de neige et de grésil, l’infanterie commençait l’ascension de
la crête haute de 145 mètres, contournant les barbelés et les cratères,
délogeant les soldats allemands avec leurs grenades. Trois jours plus
tard, les Allemands avaient abandonné presque toute la crête, se
retrouvant dans la plaine à l’arrière et sur une plus petite colline au
nord, colline perdue en moins d’une heure aux mains de la 10e Brigade.
Des soldats canadiens pendant la bataille de Vimy
Bien
que la grande offensive alliée du printemps ait été un échec en
général, notamment au Chemin des Dames côté français, Vimy "fut tout de
même une victoire importante, louée en Grande-Bretagne et en France, et
dont les échos ont enthousiasmé le Canada et les militaires canadiens",
écrit l’historien Jack Granatstein. "Au cours de ces quelques minutes,
j’ai été témoin de la naissance d’une nation", écrira le général
Alexander Ross. Une naissance nourrie par le sang des quelque 3600
morts et 7000 blessés à Vimy.
Associated Press
Des soldats canadiens pendant la bataille de Vimy
Des soldats canadiens pendant la bataille de Vimy
Des mitrailleurs canadiens pendant la bataille de Vimy
Un tank et des soldats canadiens pendant la bataille de Vimy
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